La maison d'Edmond ressemble à une maison typique du Pays basque. Elle ne l'est qu'en apparence. Inspirée de la ferme de la région, elle est l'une des toutes premières créations d'un nouveau courant architectural : le style néo basque.
A l’aube du XX° siècle, un nouveau courant d’architecture se développe en France. Il veut adapter les besoins modernes et les progrès techniques aux styles régionaux.
Arnaga en est un des premiers modèles. Inspirée des fermes basques du Labourd, elle reprend les éléments du bâti traditionnel qu’elle transforme pour former une riche demeure confortable et moderne.
Faire entrer la nature dans les pièces, ouvrir de grandes baies de tous côtés, dessiner des loggias, des balcons destinés à « prendre l’air », tel est le nouveau programme de l’architecture néo-basque lié aux constructions balnéaires de la côte.
Se produit alors ce que l’on nomme « le retournement de façade ». En inversant l’axe de la maison, on obtient deux larges façades principales ouvertes pour capter la lumière essentielle au bien-être. La maison, moins profonde, est inondée de lumière.
Les murs de refend
La toiture reprend la forme dissymétrique à deux pans qui dans les fermes traditionnelles résultait d’ajouts successifs, garage, appentis ou entrepôt.
Pour réduire la trop grande portée, il est classiquement des murs de refends du côté le plus large qui traversent la maison.
Les encorbellements
La façade principale est rythmée de lignes verticales qui émergent du soubassement de pierre sur de gros corbeaux et qui soulignent l’encorbellement des étages.
Les colombages
Entre chaque mur de refends, un jeu de colombages reprend le bâti traditionnel. Edmond Rostand en avait choisi la couleur : le rouge « sang de bœuf » qu’il avait l’habitude de voir sur les façades des maisons basques. Entre les pans de bois, un crépi blanc légèrement ocré pouvait alors se jouer des lumières changeantes du climat local.
L'arrondi inspiré des portes navarraises
Le poète et son architecte Joseph-Albert Tournaire empruntent aux provinces basques voisines des éléments décoratifs qu’ils détournent. Ainsi les baies vitrées du Grand Hall reprendront l’arrondi des portes navarraises, tout comme les trois fenêtres cintrées du boudoir au premier étage sur la façade ouest. On les retrouvera, modèle largement reproduit, sur nombre de maisons néo-basques construites un peu plus tard, pour les estivants de la côte.
La distribution des pièces
Arnaga servira également de modèle pour la distribution des pièces et des étages. En sous-sol sont logés les pièces de service, principalement la grande cuisine qui communique avec l’office par un monte-plat. Au rez-de-chaussée les pièces communes aux membres de la famille sont distribuées autour du grand-hall, tandis que le premier étage est réservé aux chambres et appartements privés. Le deuxième étage accessible par un escalier de service sera, lui, réservé au personnel.
Les aménagements du jardin
L’invention la plus significative d’Arnaga telle que l’ont voulue Edmond Rostand et son architecte Tournaire, reste néanmoins l’usage des pergolas, nombreuses autour de la maison et jusqu’au fond du jardin. Véritables appendices de la maison, projetés dans les jardins comme des architectures végétales, elles révèlent un nouveau besoin de nature, un nouvel art de vivre que le courant néo-basque développera tout au long du siècle.