Jean Veber a conçu œuvre étonnante qui va de la caricature féroce au dessin de contes pour enfant.
Un artiste engagé et poétique
Artiste engagé, Jean Veber est critique de la société et avertit sur les dérives d’un modernisme inhumain. Les plus de 130 œuvres présentées permettent de rencontrer un homme grave et ironique, aux qualités humaines unanimement appréciées, dont les dessins déclenchèrent des crises diplomatiques. Ce peintre amoureux de la lumière et de la couleur après son voyage de noces en Algérie enchante par la grâce et la fantaisie de ses compositions proches d’un Breughel l’ancien. Mais il sait aussi nous plonger dans l’effroi par ses dessins de guerre témoignant de son vécu au front et dans les tranchées.
Jean Veber a marqué ses contemporains et les générations suivantes. Pour les dessinateurs de presse, il est un des emblèmes de la lutte contre la censure. Ses fééries ont inspiré Walt Disney. Ses œuvres futuristes ont pu servir de modèle à Fritz Lang pour « Métropolis », et à Charlie Chaplin pour « Les temps modernes ».
Un homme à redécouvrir
L’exposition est à découvrir dans les salles du premier étage donnant sur le jardin anglais :
- Couloir des chambres : Portraits de Jean Veber
- Boudoir : Le peintre des fées
- Salon bleu : La comédie humaine
- Chambre de Rostand : Les portraits et scènes champêtres
- Couloir des invités : Modernisme et nus
- Chambre rouge : Peintures allégoriques
- Petite chambre des invités : Caricatures politiques et témoignage de la Grande Guerre
La majorité des œuvres et documents de cette exposition sont prêtés par Philippe Veber, arrière-petit-fils du peintre. Nous remercions également Alain Chomet et Simon Moricet pour le prêt d’une partie de leur collection.
Cette exposition s’appuie sur les ouvrages :
Louis LACROIX et Pierre VEBER. L’œuvre lithographique de Jean Veber. Librairie Floury 1931
Louis GILLET : Rétrospective Jean VEBER au Petit Palais, dans la Revue des Deux Mondes de Mai 1930
Et sur le très riche site internet : www.jeanveber.com
Jean Veber en 11 dates
1864 : Jean Veber naît à Paris le 13 février. Second de trois enfants, il est le fils de Léontine et Eugène Veber. Son père, quittant la Lorraine pour Paris, est devenu un dessinateur de motifs de dentelle de renommée internationale
1882-1888 : Jean Veber acquiert une solide formation classique auprès du peintre Maillaud puis à l’école des Beaux-arts dans l’atelier de Cabanel puis de Delaunay.
1889 : Il épouse Juliette Armengaud. Le couple part en voyage de noces en Algérie. Leur séjour durera plus de 4 mois. La lumière de ce pays marquera son œuvre.
1893 : A l’incitation de son frère Pierre, écrivain journaliste, il devient dessinateur de presse. Dans le numéro du 26 novembre 1898 « Le Rire », ses caricatures sur Guillaume II en Palestine, créent son premier incident diplomatique. Le scandale avec l’Allemagne lui confère la célébrité. Cette même année, il réalise son premier tableau de contes de fées, la « Petite Princesse ».
1899 : Jean Veber arrête son travail de dessinateur de presse pour se consacrer à la peinture et à la lithographie qu’il a découverte en 1894. Ses dessins sont reproduits dans différents journaux jusqu’en 1914
1901 : Il réalise toutes les illustrations du numéro 29 de « L’Assiette au beurre » consacré aux « Camps de concentration au Transvaal » occasionnant à nouveau un grave incident diplomatique, cette fois-ci avec la Grande-Bretagne.
1905 : Le couple Rostand lui confie la réalisation du décor du Boudoir de Rosemonde à Arnaga sur le thème des contes de fées.
1911 : Il fonde avec Forain, Steinlen, Willette, Léandre, le journal « Les Humoristes ». Quatorze numéros paraissent entre avril et juin 1911.
1913-1928 : Les Manufactures des Gobelins et de Beauvais lui commandent la création des cartons de tapisseries et de mobilier, canapé, chaises autour de ses contes de fées : « La Belle au bois dormant », « L'Ogre ».
1914 : A 50 ans, Jean Veber s’engage malgré son âge. Il demande à monter en première ligne. Pendant ses permissions, il dessine les atrocités dont il est témoin. Victime des gaz inhalés au front lors de l’été 1917, il en revient très affaibli.
1928 : Il s’éteint le 28 novembre à son domicile parisien