Pour Rosemonde et Edmond Rostand dont il admire le génie, Veber peint pour Arnaga les quatre panneaux du Boudoir sur le thème des contes de Perrault. Ces panneaux furent présentés au Salon de la Nationale en 1905 où ils rencontrent un immense succès.
Un peintre de la féérie
C’est à partir de 1893 que Veber commence à aborder le répertoire des contes. Ce thème offre à son tempérament inquiet l’occasion de s’évader. Il donne aux maisons des traits humains, dessine des fées et des géants au milieu d’ombres inquiétantes. Le succès est au rendez-vous, confirmé par des commandes publiques comme les tapisseries et les sièges exécutés par la Manufacture des Gobelins. | |
Il aime à décliner le thème dans des œuvres pleines d’humour. Dans « Le nain et l’oie » (29 janvier 1901), une oie s’enfuit poursuivie par un nain armé d’un couteau. Dans « L’oie et le nain » (1901), les rôles sont inversés, le nain a lâché le couteau et s’enfuit devant l’oie. | |
Le talent du dessinateur se retrouve dans l’effet comique de la mise en scène et la dynamique des situations. Dans « Barbouillotte ou le déménagement de la sorcière » (1906), une vieille femme dévale à toute allure une route dans un chariot. Ici, la carriole est tirée non pas par un âne, mais par un nain que la sorcière cravache à tour de bras. Quant aux poursuivants, ces sont des oies qui volent en rase-motte bec ouvert, prêtes à pincer les fuyards. Toute l’œuvre de Jean Veber est marquée par la recherche de l’expression du mouvement. Ici sous l’effet de la vitesse, la roue décolle, les casseroles brinquebalent. Un chat noir au pied de la vieille se hérisse de tous ses poils, alors que le corbeau a du mal à rester accrocher à la capote arrière. | |
Jean Veber fait montre d’une imagination poétique de grande qualité, que l’on retrouve dans des illustrations d’ouvrages littéraires comme « L’homme aux poupées » de Louis Renaud, « Mimes » de Marcel Shwob, « Les fleurs du Mal » de Charles Baudelaire ou bien encore dans les contes des « Dix Mille et Deux Nuits » de Félix Duquenel. |