La famille Rostand

Edmond Rostand naît le 1er avril 1868 à Marseille dans une grande famille bourgeoise qui a fait fortune dans le commerce et la finance.
Mais cette famille n'est pas académique. Eugène le père et Alexis l'oncle sont enfants d'une relation adultérine de leur père avec une belle andalouse. Le père, fin lettré et passionné de poésie, et l'oncle talentueux de musicien, font flotter autour du petit Edmond une atmosphère artistique qui ne manquera pas d'influencer le jeune garçon.

A découvrir par l'album de l'exposition présentant la famille des Rostand.

ou par les paragraphes ci-dessous

Les origines de la famille Rostand


La famille Rostand est originaire d’Orgon, petite commune située entre Salon-de-Provence et Avignon. Alexis Rostand (1726-1789) le quitte en 1746 pour s’installer à Marseille comme marchand drapier.

Son fils Alexis-Joseph (1769-1854) n’a que 20 ans à la mort de son père. Il est engagé comme commis dans une fabrique de bonnets de feutre exportés en Orient et devient associé quelques années plus tard. Il siège au tribunal de commerce, dont il occupe quatre fois la présidence. Il est élu au Conseil général et préside l’assemblée de 1835 à 1847.

Pendant la période tendue de 1830, il accepte de devenir maire pour un court mandat jusqu’aux élections municipales de décembre 1931. Il s’investit dans des sociétés de bienfaisance et devient le premier président de la Caisse d’Epargne de 1830 à 1848. Il reçoit la Légion d’honneur en 1836. Il décède à 86 ans en 1854.

Pour l'exportation de ses bonnets gasquets, Alexis-Joseph affrète des navires en partance pour l'Empire ottoman. Enfant, son petit-fils Edmond dessine les silhouettes de ces mêmes navires.

La devise de la famille est  "Egerunt et cecinerunt"  :  Ils ont agi et ils ont chanté.

Eugène Rostand


Le père d'Edmond

Eugène Rostand naît le 23 juin 1843 à Marseille. Les Rostand y sont installés depuis déjà plusieurs générations et sont des figures importantes de la ville.

Son père, Joseph Rostand, est receveur municipal de la ville puis administrateur de la Caisse d'Epargne. Il entretient une liaison avec Françoise de Ferrari (1809-1861), alors mariée à Louis Preyre. C'est de cette liaison que naissent Eugène en 1843 et son frère Alexis en 1844.

Les enfants sont déclarés « fils de parents inconnus » et inscrits sous le patronyme Marans pour Eugène et Gasan pour Alexis.

Louis Preyre disparaît en 1855. Un an après le décès de son mari, Françoise de Ferrari épouse son amant, qui reconnaît ses deux fils quatre ans plus tard, alors que ceux-ci sont âgés de 13 et 12 ans. Françoise, atteinte de neurasthénie, s'éteint en 1861. Edmond Rostand sera fasciné par cette femme mystérieuse, aux origines espagnoles.

Eugène Rostand


L'humaniste

Eugène entreprend des études de droit à Aix et devient avocat à Marseille. A la mort de son père en 1867, il délaisse le barreau et devient administrateur puis président de la Caisse d'Epargne des Bouches-du-Rhône (fondée par son grand-père Alexis Rostand).

Eugène Rostand, en humaniste, tente tout au long de sa carrière d'œuvrer pour ses concitoyens. Il apporte d'importantes innovations à la Caisse d'Epargne (le prêt pour la construction d'habitations à bon marché). Il fonde plusieurs compagnies, dont La Société des habitations salubres, et s'occupe de l'Assistance par le travail et des Jardins ouvriers.

Directeur politique du Journal de Marseille et collaborateur de journaux et périodiques (comme Le Figaro), il publie des essais à partir de 1889 qui lui valent d'être élu en 1898 à l'Académie des sciences morales et politiques. Il devient officier de la Légion d'honneur le 9 octobre 1900.

Eugène Rostand


Le poète

Eugène se passionne pour la poésie. Il publie quatre volumes de vers : Ebauches (1865), Seconde page (1866), Les sentiers unis (1885) et Poésies simples (1874). Il montre un goût pour une poésie simple, efficace, énergique, à la recherche de la beauté.

 

Accueilli à l'Académie des sciences, lettres et arts de Marseille le 29 juillet 1875, dont il devient le directeur 10 ans plus tard, il consacre son discours de réception à la comparaison des poètes Catulle et Alfred de Musset.

 

Eugène use de poésie pour insuffler à son fils ses

valeurs  humanistes dans Les Sentiers Unis (1885) :

 

" Mon fils bien aimé, lorsque tu seras un homme,

Quand tu liras ces vers ; où, tremblant, je te nomme,

Souviens-toi que ta vie eut un rose matin,

Une aube claire, et pense à ceux dont le destin

Est depuis le berceau, pénible, triste, sombre,

Qui n'ont pas eu d'amour et n'ont connu que l'ombre,

Souviens-toi que ce sont tes frères... va vers eux...

Pauvres déshérités innocents. Si tu peux,

Fais luire un peu de joie, un rayon sur leur tête

Courbe, et pour rançon, de la part qu'il t'a faite

Puisses-tu rapporter à Dieu, tout triomphant

La bénédiction si douce d'un enfant "

Angèle Gayet


La mère d'Edmond Rostand

Angèle Justine Julie Gayet naît le 10 août 1844 à Marseille. Elle est la fille d'un riche fabricant de produits chimiques et la nièce d'un académicien. En 1866, elle s'unit à Eugène Rostand, avec lequel elle aura trois enfants : Edmond, Juliette et Jeanne.

 

Alors que son époux est attiré par le monde des lettres, Angèle se passionne pour la musique. Pianiste de talent, elle organise des concerts dans leur demeure, et transmet cet amour de la musique à ses deux filles.

 

Angèle était perçue comme une figure plus autoritaire que son époux. Son petit-fils Maurice la décrit : « Ma grand mère était différente : il y avait en elle plus d'autorité, quelque chose de plus nettement matériel. Elle n'avait pas la même indulgence que mon grand-père. Quelque chose de plus sévère émanait d'elle. Elle avait d'ailleurs de l'esprit, une manière impertinente de dire les choses et beaucoup d'allure dans beaucoup de circonstances ». Angèle tient un carnet dans lequel elle note les évènements marquants de la vie de ses enfants : « Le samedi 16 janvier pour distraire notre chéri qui ne quittait encore pas la maison, nous l'avons mis dans un petit chariot en osier afin qu'il pût s'essayer à marcher, cette nouvelle distraction l'a enchanté et depuis il court dans tous les appartements à l'aide de cette sorte de corbeille ».

 

Elle s'éteint le 12 septembre 1916 à Paris

Les soeurs d'Edmond Rostand


Juliette et Jeanne

Juliette Rostand (1872-1956), pianiste, épouse l'industriel Louis Mante (1857-1939). Ils ont quatre enfants.
- Gérard (1891-1947) épouse Suzy Proust, nièce et héritière de Marcel Proust.
- Andrée (1892-1980) épouse son cousin germain Jean Rostand. Ils ont un fils François (1921-2003).
- Régine (1893-1988) épouse de Comte de Valon.
- Odette (1894-1940) célibataire.
Jeanne Rostand naît le 16 février 1879 à Marseille. Elle épouse le diplomate Pierre de Margerie (1861-1942) en 1898. Elle suit son époux au Siam, en Chine et en Belgique. Ils ont un fils, Roland de Margerie (1899-1990). Elle s'éteint le 15 juillet 1922 à Paris.

Alexis Rostand


L'oncle d'Edmond

Alexis (1844-1919) naît comme son frère aîné, Eugène, de parents inconnus. Il est déclaré sous le patronyme de Gasan.

Leur père, Joseph-Alexis Rostand les reconnaît en 1860.

 

Il présente très tôt des dons pour la musique. Mais pour vivre, il entre dans la banque où il est vite remarqué pour son esprit d'initiative alliée à la prudence. Il mène une brillante carrière à Marseille puis à Paris. 

 

Son temps libre est consacré à la musique. Il joue une heure chaque jour et compose des oeuvres souvent inspirées de poésies : "Ruth" écrit par son frère Eugène, "Poésies" de Victor Hugo, "Pierrot qui pleure, Pierrot qui rit" de son neveu Edmond Rostand.