Plusieurs entrepreneurs et leurs équipes sont à pied d’œuvre simultanément : Milhet et Bidau (1903), Gustave Carde et Fils (1903-1906), Bertrand Hauret (1903-1906), Poupart (1904), Carré (1904), Henri Perret (1904-1906).
« (…) Les ouvriers prenaient pension dans le village. Que de charrois il fallut pour amener tous les matériaux sur la colline ! Que de mal eurent les bœufs d’Ordoquia et d’autres fermes de Larressore pour monter ces tonnes de pierre ; de sables, de chaux, de ciment ! » (extrait de presse du 9 juin 1962)
Le mode de construction allie moderne et traditionnel. L’entreprise Hauret met en œuvre les toutes nouvelles techniques de béton et poutres métalliques pour augmenter les portées et consolider planchers et plafonds. La pierre et les pans de bois restent les éléments principaux des élévations.
Gustave CARDE
Entrepreneur bordelais
Né à Bordeaux en 1839, Gustave Carde est d’abord menuisier. Après quelques années passées à Paris où il se perfectionne comme ouvrier, il revient en 1860 à Bordeaux où il fait construire un atelier de menuiserie rue Condillac.
Après plusieurs emplacements son usine s'installe ensuite au 16 quai Deschamps sur l'emplacement de la caserne des pompiers. L'établissement s'appelle "Au pont de Bordeaux", il travaille le bois, et notamment des bureaux d'écoliers puis des parquets, cuves et foudres, charpentes et chalets.
1883 : Gustave Carde avait une usine à vapeur au 17, quai Deschamps et une succursale au 17, cours du chapeau-rouge à Bordeaux.
En 1893, Gustave Carde déménage son entreprise au 33, quai de Queyries et monte son école d’apprentissage et forme des menuisiers charpentiers, des ajusteurs, des mécaniciens, des vernisseurs et des tapissiers. En 1896, l’usine crée sa propre société de prévoyance pour les ouvriers et distribue un intéressement aux bénéfices. L’usine cesse ses activités en 1970.
Gustave Carde est nommé concessionnaire agréé pour l’entreprise des vitrines de l’Exposition de Bordeaux de 1895, dont l’architecte en chef n’est autre qu’Albert Tournaire.
En 1899 elle devient "Gustave Carde & Fils et Cie" elle emploie une centaine d'ouvrier et édifie plusieurs pavillons de l'Exposition Universelle de 1900 à Paris et toute sa décoration.
A Arnaga, entre 1903 et 1906, l'entreprise Carde est chargé des grands travaux de menuiseries, charpente, serrurerie… pour un total de 377 254 francs.
Les délais qui lui sont imposés - 7 mois - paraissent intenables :
1er septembre : début des travaux de la Villa par l'entreprise bordelaise Gustave Carde et fils et Cie avec ce calendrier :
15 octobre : le plancher bas du rez-de-chaussée est hourdé
10 novembre : le plancher haut du rez-de-chaussée terminé
15 janvier : la charpente posée et toiture finie
15 mars : les ravalements et tous travaux extérieurs terminés
30 mars 1904 : tous parquets posés, tous raccords faits
Carde dans les collections du musée :
- Album de moulures, parquets, découpages
Bertrand HAURET
Entrepreneur bordelais
Issu d’une famille originaire de Gabaston (64160), Bertrand Hauret est un entrepreneur de travaux publics, officier d'académie, membre du syndicat des entrepreneurs de France.
Il participe à l’édification de plusieurs monuments à Bordeaux dont le plus magistral : le Monument aux Girondins sur la place des Quinconces. Lui sont confiés, le 11 janvier 1894, les terrassements, la maçonnerie et la charpenterie.
Qualifié entrepreneur général du monument, Bertrand Hauret apporte dans l'installation de son chantier tous les perfectionnements scientifiques de son époque.
C’est ainsi qu’il construit un monte-charge mu par l'électricité et organise l'éclairage électrique de l’intérieur du chantier de façon à permettre l'exécution des travaux pendant la nuit, si cela devenait nécessaire.
A l’occasion de l’Exposition bordelaise de 1895, dont Albert Tournaire est l’architecte, il fait remonter un échafaudage pour installer le Génie au sommet du monument.
Il est également l’entrepreneur de maçonnerie pour le projet de la fontaine Burdigala (projet du sculpteur Raoul Verlet) entre 1898 et 1902 située Place Amédée Larrieux à Bordeaux.
Bertrand HAURET fut maire du Bouscat de 1911 à 1912. Pendant la première guerre mondiale, il est adjoint remplissant les fonctions de maire, de 1915 à 1918, remplaçant le Maire d’alors mobilisé.
A Arnaga, Bertrand Hauret se voit confier les travaux de maçonnerie et de terrassement des abords de la villa entre le mois de novembre 1903 et le mois de janvier 1906 pour un total de 32 845 francs
Maison Bricard
Serrurerie d'art
L’histoire de la marque Bricard Serrurier a démarré en 1782 quand Louis-Charles Sterlin fonde sa quincaillerie pour vendre des serrures provenant du Vimeu. En 1821, il achète une nouvelle usine à Woincourt dans la Somme, et plus tard, il accueille Eugène Bricard, un jeune apprenti âgé de 16 ans. Ce dernier débute en 1829 comme serrurier et s’impose comme un novateur.
En 1834, Louis-Charles Sterlin reçoit une première récompense à l'exposition de Paris. Ses héritiers nomment deux gérants : Eugène Bricard et M. Lebordays.
Eugène Bricard devient responsable de la marque Sterlin.
En 1862, la collection d’Eugène Bricard de pièces de serrure anciennes du 19ème siècle est reconnue comme l’une des plus belles du monde. En 1889, une nouvelle installation de fonderie est implantée. C’est l’occasion pour Bricard d’inventer une nouvelle sorte de serrures passe-partout et de clés particulières : l'organigramme Bricard est né.
A Arnaga, l'entreprise sous-traitante de Carde a en charge toute la serrurerie de la villa : paumelles, plaques de propreté, béquilles, espagnolettes, crémones dans les styles décoratifs Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, Empire et Anglais. A la demande expresse d'Edmond Rostand, les bronzes sont dorés au mercure pour un rendu d'excellence.
Henri Perret
Décorateur bayonnais
Paul Faure, confident d’Edmond Rostand, raconte dans Vingt ans d’intimité avec Edmond Rostand :
« Maintenant que la maison était bâtie, le décorateur Henri Perret allait continuer les allées et venues de l’architecte Tournaire ; mais son règne devait durer plus longtemps, pour l’excellente raison que, la maison étant construite, il n’y avait guère plus à y toucher, tandis que tout ce qui serait le travail d’ameublement ne verrait jamais la fin. Perret est Bayonnais. Il a du goût. Rostand le distingua tout de suite, en fit le réalisateur de ses imaginations ».
On doit à Henri Perret, la décoration intérieure de la villa Marnoger (1900) pour Paul Campagne (directeur de l’Hôtel d’Angleterre à Biarritz). La villa a été rebaptisée Beatrix Enea en 1934.
« Avec Tournaire, il est certainement celui dont le nom vibra le plus souvent sur la plaque du téléphone d’Arnaga. Perret était, en quelque sorte, attendu à Arnaga d’une façon chronique, car il avait toujours quelque chose à y porter, quelque commande à y exécuter, quelque idée décorative de Rostand à mettre au point. Aussi Rostand quittait-il toujours tout, même son travail, pour le recevoir. Mais si Perret est l’homme que Rostand attendit le plus impatiemment, il est aussi l’homme qui l’énerva le plus avec ses lenteurs. La volonté de Perret de ne pas se frapper était quelque chose d’inimaginable. La voix, l’air avec lesquels il promettait, jurait que telle commande serait prête à telle date, qu’on pourrait absolument y compter, étaient si convaincus, qu’on s’y laissait toujours prendre, qu’on lui faisait instantanément confiance. Et puis, à la date convenue, on ne voyait rien venir. Cela mettait Rostand, qui est pourtant le calme même, dans des états fous, dans des colères effroyables. Mais Perret, quand il arrivait enfin, avait un sourire si candide, un air si ingénu de ne pas comprendre, que Rostand ne pouvait s’empêcher de rire. Et la prochaine fois c’était à recommencer. »